lundi 28 mai 2007

Judith Butler à Mollat

Je vous préviens un peu tard (comme d'habitude) mais Judith Butler sera demain (mardi 29 mai) à la librairie Mollat, à 14h00. Judith Butler est une auteure féministe américaine de premier plan, qu'il est peu probable de revoir passer à Bordeaux. Ses travaux ne relèvent pas "strictement" de la sociologie mais en sont proches et constituent une référence pour nombre de sociologues travaillant sur le genre.

Le récit de soi.

Rencontre avec Guillaume Le Blanc, Christophe Bouton, Michael Foessel et Fabienne Brugère. La journée se poursuivra à 18 h par une rencontre avec Judith Butler autour de La Performativité, geste : la question de l'humain.

Ce livre de Judith Butler, renouvelle considérablement le questionnement en philosophie morale. Il affirme tout d’abord, avec vigueur que la réflexion morale ne saurait être considérée en dehors du contexte social et politique dans lequel elle trouve à s’insérer. Les questions morales doivent être réfléchies à l’horizon des normes sociales dans lesquelles elles s’inscrivent.

Ensuite, il prend acte d’un renouvellement considérable dans le travail de Judith Butler dans la mesure où ce livre s’efforce, pour la première fois avec cette ampleur, de construire un réarmement acceptable de la philosophie morale qui non seulement soit compatible avec l’histoire sociale des normes telle qu’elle les réfléchit depuis ses premiers ouvrages mais apparaisse plus encore comme appelé par une telle histoire. Toute la question est en effet de savoir quelle forme l’interrogation morale peut prendre lorsqu’elle est située dans des contextes sociaux fortement déterminés où prévalent un certain nombre de normes qui induisent des comportements et aussi une vie psychique d’emblée dépendante de ces normes.

Si la philosophie morale a par nature tendance à idéaliser le sujet moral en lui conférant une autonomie trop vite considérée comme allant de soi, il importe de contrer cette tendance en prenant comme point de départ de la réflexion l’expérience indépassable de la dépendance et du caractère relationnel de chaque vie. La reconnaissance de soi par soi est incomplète, lacunaire. Située dans le récit des autres, elle est hantée par les formes de justification qui en découlent et qui achèvent de rendre toute procédure de reconnaissance impossible. Le rapport à l’autre devient constitutif de l’impossible rapport à soi.

C’est dans ce contexte de dépossession qu’il devient urgent de procéder à une enquête sur les conditions de possibilité d’une relation morale à soi et aux autres qui prenne en considération un tel texte. L’éthique peut prendre un sens nouveau initié par son renoncement à toute position de surplomb. C’est vers un tel renouvellement, rendu possible par des lectures orientées de la psychanalyse et de Michel Foucault, que s’emploie Judith Butler en s’efforçant de parvenir à une autre idée de l’autonomie relationnelle.

Mollat

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